L’Almanach international

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1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier 1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée des anciens combattants de la guerre du Vietnam

Cette célébration est récente, car les États sont peu enclins à commémorer une guerre perdue. Qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, à côté des quels les 56 000 morts américains ont peu pesé dans la mémoire. Il faudra, en effet, attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam.

 

Cette célébration est récente, car les États sont toujours peu enclins à commémorer une guerre perdue. Et qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis ont largué 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide de défoliation de la jungle… Le Vietnam est marqué pour des générations par ce terrible conflit qui a duré deux décennies. À côté de ce désastre, les quelque 56 000 soldats américains tués et les 303 000 blessés avaient été un peu oubliés avec le temps. Beaucoup ont très mal vécus cet oubli.

Cette guerre a pourtant profondément marqué une génération d’Américains : le ministère des Anciens Combattants estime qu'aujourd'hui, à plus de 7 millions le nombre d'anciens combattants américains du Vietnam. Le conflit a concerné plus de 10 millions de familles américaines. Jusque-là, les anciens combattants étaient honorés chaque 11 novembre en même temps que ceux de toutes les guerres auxquelles ont participé les États-Unis. Certains États de l’Union organisaient des célébrations le 29 ou le 30 mars. Mais rien au niveau fédéral, jusqu’à cette journée fériée du 29 mars, annoncée en 2012 pour les célébrations du 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam.

Le 29 mars  1973, les dernières troupes américaines combattantes furent retirées du Vietnam et les derniers prisonniers de guerre détenus au Nord-Vietnam arrivèrent sur le sol américain. Le 29 mars fut aussi la date choisie par le président Nixon pour une première Journée des anciens combattants du Vietnam en 1974. Mais il faudra attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam (National Vietnam War Veterans Day), une célébration officielle qui encourage les Américains à arborer le drapeau américain, mais la journée n’est pas un jour férié chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2024

Les trois militaires , statue de Frederick Hart, au Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington, DC

 
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1973, Bahamas, indépendance, 10 juillet Bruno Teissier 1973, Bahamas, indépendance, 10 juillet Bruno Teissier

10 juillet : les 50 ans d’indépendance des Bahamas

Depuis vendredi, l’archipel des Bahamas est pavoisé aux couleurs nationales, cette année la célébration de la fête nationale se veut grandiose car on célèbre le 50e anniversaire de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 10 juillet 1973 après plusieurs siècles de colonisation espagnole puis, surtout, anglaise.

 

Depuis vendredi, l’archipel des Bahamas est pavoisé aux couleurs nationales, cette année la célébration de la fête nationale se veut grandiose car on célèbre le 50e anniversaire de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 10 juillet 1973 après plusieurs siècles de colonisation européenne : Christophe Colomb avait désigné l’archipel sous le nom de San Salvador, pour le compte de la couronne espagnole. Plus tard, les îles dépeuplées par la colonisation ont été abandonnées. C’est une « république de pirates » que les Anglais ont conquis en 1718, déclarent l'archipel colonie de la Couronne. Cependant, il est resté peu peuplé jusqu'à la guerre d'indépendance américaine. Après la défaite de la Grande-Bretagne dans la guerre, des milliers de royalistes américains qui avaient été exilés de l'État nouvellement indépendant se sont installés aux Bahamas. Ce sont toutefois les descendants des esclaves africains qui représentent aujourd'hui 85 % de la population bahamienne.

En 1953, le jeune politicien Lynden Pindling, qui avait grandi dans le district ouest-africain d'Over-the-Hill à Nassau, a formé le Parti libéral progressiste. C’est cette formation qui, 20 ans plus tard, a conduit le Commonwealth des Bahamas à l’indépendance. Lynden Pindling, arrivé à la tête du gouvernement en 1967, y demeurer jusqu’en 1992, année où il il a été battu aux élections. Mort en 2000, l’artisan de l’indépendance du pays est considéré comme le père de la nation, même si sa gouvernance avait viré sur la fin à un certain autoritarisme.

Cette année, 2023, pas moins de 10 jours ont été prévus pour cette célébration du Independance Day, faites chaque année de défilés colorés, de performances musicales, de services religieux spéciaux, de feux d’artifice dans chacune des îles et surtout, spécificité bahamienne, un Junkanoo spécial jubilé (fête traditionnelle datant de l’époque de l’esclavage). 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 juillet 2023

 
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1973, Uruguay, coup d'État, 27 juin Bruno Teissier 1973, Uruguay, coup d'État, 27 juin Bruno Teissier

27 juin : la mémoire des victimes d’une dictature d’extrême droite en Uruguay

Il y a 50 ans, le coup d’État du 27 juin 1973 en Uruguay a été le point de départ d’une dictature de 12 ans. Actuellement en Uruguay, les nostalgiques de la dictature disposent d’appuis à tous les niveaux de l’État et participe à la coalition gouvernementale. La mémoire des victimes de la dictature est très peu prise en charge par les autorités, face à cela les syndicats ont organisé une grève générale ce 27 juin et dans la diaspora on se rassemble, notamment à Paris, place de l’Uruguay, aujourd’hui à 18h.

 

Face à un président de droite, Luis Lacalle Pou qui préfère tourner la page de la mémoire du coup d’État de 1973, les syndicats ont décrété une grève générale de quatre heures ce 27 juin 2023 pour marquer le 50e anniversaire du coup d'État en Uruguay. 

Le même jour, en 1973, le président Juan María Bordaberry avait décrété la dissolution de l'Assemblée, tandis que l'armée était déployée dans Montevideo, la capitale. Ce fut le point de départ d'une dictature civilo-militaire qui dura jusqu'en mars 1985. Aussitôt, les opposants sont arrêtés, torturés, les syndicats et les partis sont réduits au silence. L'Uruguay, comme l’Argentine et le Chili, fera partie du plan Condor, un programme commun d'extermination des opposants qui a fait des milliers de victimes, dont beaucoup de disparus dont on n’a toujours pas retrouvé la trace.

Après le retour de la démocratie en 1985, le Parlement a voté en 1986 la loi d’amnistie qui a scellé l'impunité de la dictature. Il faudra attendre 2005, sous le président de gauche Tabaré Vázquez (2005-2010), pour que l’on entreprenne la recherche des disparus. En 2010, le dictateur Bordaberry a finalement été condamné à 30 ans de prison,  sans pour autant être emprisonné car il est mort l’année suivante. En 2012, le président de gauche, José Mujica (2010-2015) a enfin reconnu la responsabilité de l'État pour les crimes commis par la dictature. Son successeur, Tabaré Vázquez (2015-2020) affronte l’armée qui refuse de sanctionner un un ancien officier mis en cause dans l’assassinat sordide d’un opposant pendant la dictature.

Depuis 2020, c’est une coalition de droite qui est au pouvoir et le Luis Lacalle Pou n’a organisé que de très modestes commémorations. À Paris, en revanche, où de nombreux opposants avaient trouvé refuge, un rassemblement a lieu à 18h, place de l’Uruguay (16e arrond.) avec la participation de plusieurs collectifs uruguayens, latino-américains et français qui partagent le refus  du terrorisme d'État et de l'impunité de ses crimes. En province, des événements sont également prévus notamment à Grenoble à 19h à la mairie, pour un hommage aux victimes de la dictature.

« Le coup d’État du 27 juin 1973 en Uruguay a été le point de départ d’une dictature de 12 ans. Dans ce petit pays, il y a eu plus de 10 000 prisonniers politiques, systématiquement torturés, 197 disparitions forcées, 122 assassinats politiques et 13 appropriations d’enfants, ainsi que dans les autres pays associés à l’époque par le Plan Condor (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili et Uruguay) sous l’égide des États-Unis. 380 000 Uruguayens ont été contraints à l’exil.

Après le retour de la démocratie et pendant des décennies d’impunité absolue de ces crimes, la ténacité des victimes et de leurs proches a maintenu vivante l’exigence de vérité et de justice. C’est maintenant une part très importante de la société uruguayenne qui a fait sienne la cause des disparus et dit la nécessité de “plus jamais de terrorisme d’État”. La justice avance, mais difficilement, et seulement une cinquantaine de criminels contre l’Humanité sont condamnés ou inculpés.

Actuellement en Uruguay, les nostalgiques de la dictature disposent d’appuis à tous les niveaux de l’État. Le parti d’extrême droite Cabildo Abierto créé par d’anciens militaires fait partie de la coalition conservatrice au pouvoir depuis 2020. Il revendique l’impunité et multiplie les initiatives en ce sens, cherchant à imposer une réécriture de l’Histoire récente et une victimisation des tortionnaires. Il bénéficie  de soutiens politiques dans tous les partis de la majorité actuelle. » Communiqué de l’association ¿Dónde Están? (Où sont-ils ?)

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 juin 2023

 
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