L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
8 juillet : la Russie célèbre le Jour de la famille, de l’amour et de la fidélité conjugale
Ce jour férié est de création récente en Russie. L’objet de cette fête est de concurrencer la Saint-Valentin, jugée par le régime comme un symbole trop occidental. Mais aussi d’encourager la famille dite traditionnelle et surtout, la natalité, en chute libre dans le pays.
Ce Jour de la famille, de l’amour et de la fidélité conjugale (День семьи, любви и супружеской верности.) est jour férié récent en Russie. Il a été institué en 2008, à l’initiative de Svetlana Medvedeva, l’épouse du président russe de l’époque. Poutine était alors premier ministre (détenant tous les pouvoirs).
L’objet de cette fête était de concurrencer la Saint-Valentin, jugée par le régime comme un symbole trop occidental. Il s’agissait de promouvoir la famille traditionnelle telle qu’on l’imagine dans les régime d’extrême droite. D’ailleurs, une médaille spéciale récompensant l'amour et la fidélité a été créée en 2008. Elle est décernée chaque année, le 8 juillet, aux couples qui ont vécu ensemble leur vie dans un mariage pendant plus de 25 ans et qui ont eu une expérience positive dans l'éducation des enfants.
Car dans un pays où le taux de fécondité est en chute libre (il était de 1,5 en 2008 et 1,2 aujourd’hui, peut-être moins), le régime de Poutine a qualifié le fait d’avoir des enfants de devoir national. L'année dernière, le nombre d'enfants nés en Russie a été le plus faible de ces 25 dernières années : 1,2 million seulement. En juillet 2024, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait qualifié le taux de natalité de « terriblement bas » et de « catastrophique pour l'avenir de la nation ». Les mesures sociales prises pour encourager la natalité n’ont eu aucun effet, le contexte géopolitique (la guerre lancée par Poutine) et les difficultés économiques du pays liés aux sanctions, ne sont pas favorables à un reversement de tendance.
La date choisie pour cette fête est celle des saints protecteurs du mariage orthodoxe, les saints Pierre et Fébronie de Mourom. Pierre, le prince atteint de la lèpre avait promis d'épouser une bergère du nom de Févronia, dotée de pouvoirs de guérison, si celle-ci le guérissait. Févronia le guérit en effet, mais le prince ne tint pas promesse. Le prince tomba alors de nouveau malade : Févronia, peu rancunière, le guérit une seconde fois et il finit par l'épouser. Le couple restera fidèle jusqu’à la mort. Selon leurs vœux ils sont morts le même jour, le 25 juin 1228 du calendrier julien (soit le 8 juillet du calendrier grégorien). Leur symbole est la camomille.
L'instauration de la Journée de la Famille, de l'Amour et de la Fidélité a marqué le début de l'installation de monuments à Pierre et Févronia dans de nombreuses villes de Russie. Depuis 2008, plus d’une centaine de monuments ont été érigés, faisant de ces saints les héros monumentaux les plus populaires en Russie au XXIe siècle et les saints orthodoxes les plus reproduits du pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juillet 2025
27 janvier : la Saint-Sava, fête religieuse et nationale pour les Serbes
Saint Sava est vénéré comme le fondateur de l'Église orthodoxe serbe indépendante, c’est aussi un héros patriotique serbe, un symbole au service des ambitions géopolitiques de la Serbie.
Saint Sava est vénéré comme le fondateur de l'Église orthodoxe serbe indépendante. Sa fête tombe le 27 janvier du calendrier grégorien (14 janvier du calendrier julien auquel l’Église de Serbie est restée fidèle). Depuis 1830, saint Sava il est aussi le patron des écoliers serbes. La Saint-Sava est donc un jour de congé pour les étudiants en Serbie. Quant aux écoliers, ils participent à des récitals à l'église. Sa fête est aussi l’occasion de discours patriotiques.
Rastko Nemanjić est né en 1174. Il était le plus jeune fils de Stefan Nemanja, le Grand jouant serbe (grand prince). À l’insu de ses parents, à peine âgé de 16 ans, il suit un moine qui l’emmène au mont Athos où il devient lui-même moine sous le nom de Sava. Il fonde le monastère serbe de Chilandar au Mont-Athos pour les moines serbes. Son frère, le Grand Joupan de Serbie, Stefan Nemanjić est sacré roi de Serbie, en 1217, avec une couronne envoyée de Rome par le pape Honorius III, le sacre royal ayant été prodigué vraisemblablement par un cardinal. Deux ans plus tard (1220), Sava se rend à Nicée, afin d’être consacré premier archevêque de Serbie par le patriarche œcuménique Manuel Ier, avec l’approbation de l’empereur Théodore Ier Lascaris. C’est ainsi que l’Église serbe est restée dans le giron de l’orthodoxie et est devenue autocéphale (indépendante). Sava en est le premier législateur.
Canonisé sept ans après son décès en 1236 (le 14 janvier du calendrier de l’époque), Sava est désormais appelé saint Sava. Ses reliques ont été l’objet d’une telle vénération, y compris par des catholiques et même des musulmans, que le grand vizir Sinan Pacha décida, en 1594, de les brûler pour ruiner le patriotisme serbe. C’était une action de représailles contre les Serbes qui portaient l’effigie de ce saint sur leurs étendards lors de leurs révoltes.
Le 27 janvier est fêté depuis 1893 (avec une interruption durant la période communiste). Cette journée est une journée particulière dans les écoles, collèges et lycées de Serbie, car saint Sava est le saint patron des “étudiants et du savoir”. On a, d’ailleurs, appelé Projet Rastko (son prénom de naissance) une bibliothèque électronique de la culture serbe.
À Belgrade, on a construit récemment une très grande église baptisée Saint-Sava (Храм Светог Савe), qui domine la ville. Elle a été édifiée sur le lieu même où le cercueil du saint a été brulé par les Turcs. Avec ses 3500 m2, elle peut accueillir plus de 10 000 fidèles. C’est la plus grande église orthodoxe du monde. À peine achevée, Vladimir Poutine l’a visité, en janvier 2019, et a promis que l'État russe financerait une partie des travaux restants du revêtement en mosaïque. Suite à la conversion de Sainte-Sophie d’Istanbul en mosquée en juillet 2020, le patriarche de Serbie Irinei et le président de Serbie Aleksandar Vučić ont, en août 2020, exprimé le souhait que l’église Saint-Sava remplace symboliquement Sainte-Sophie, dont elle est grandement inspirée, et devenir une ″Nouvelle Sainte-Sophie″, tel un avant poste orthodoxe face à l’Occident. Le culte de saint Sava s’inscrit depuis très longtemps dans le projet géopolitique serbe, et même russe.
De nombreuses églises ont été dédiée à saint Sava, c’est le cas de la cathédrale orthodoxe serbe de Paris, située 23 rue du Simplon. C'est aussi le siège épiscopal de l'éparchie d'Europe occidentale de l'Église orthodoxe serbe.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 janvier 2022
Détail d’une fresque du monastère de Studenica
Saint-Sava de Belgrade
19 janvier : le baptême glacé des Russes
Ce vendredi soir, dès minuit, des milliers de Russes vont s'immerger dans l'eau glacée à l’occasion de l’Épiphanie. En Russie, la date de cette fête dépend du calendrier julien, ce qui la place le 19 janvier dans le calendrier grégorien.
Ce vendredi soir, dès minuit, des milliers de Russes vont s'immerger dans l'eau glacée à l’occasion de l’Épiphanie. En Russie, la date de cette fête dépend du calendrier julien, ce qui la place le 19 janvier dans le calendrier grégorien.
Envie de se purifier le corps… ou de laver son âme de ses péchés ou encore désir de retrouver de l’énergie et des forces pour toute une année, c’est une tradition qui perdure selon un rituel immuable censé rappeler le baptême du Christ (Théophanie).
On fait des trous en forme de croix (du nom de yordan, en souvenir du Jourdain ) dans la glace et l’on s’immerge le corps dans l’eau glacée à 3 reprises (au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit), en poussant des cris de joie ! La cérémonie commence dès minuit et, à Moscou même où l’on attend plusieurs dizaines de milliers de participants, de plus en plus nombreux chaque année, quelque 200 sauveteurs ont été mobilisés en cas d’incident… Il en coûtera 3 500 roubles (un peu plus de 80 euros) aux courageux mais un buffet leur sera servi une fois le rituel terminé. On peut voir dans cet engouement un retour de la religion, si longtemps brimée et contrôlée à l’époque soviétique.
On s’en doute, le surhomme russe, Vladimir Poutine, se doit de montrer l’exemple. L’an dernier il s’est plongé dans le lac Seliger, dans la région de Tver.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2018